Question-Réponse n° 147
Quel est le rapport proportionnel entre les parts de qurbaani d’un petit et un grand animal ?
Question d’un jeune homme de Corbeil Essonne (91) : « Pourriez-vous m’expliquer à propos du qurbaani, quel est la relation entre un petit animal et 7 parts d’un gros ? Sachant que : – en fonction de l’animal et de sa morphologie le poids de chaque part peut varier énormément ; – de plus le poids de cette part peut être bien supérieur ou inférieur à celui d’un petit animal. »
Réponse : Selon le deen, il n’y a pas de relation à établir entre le petit animal et le gros. A l’époque de l’émergence de l’Islam, il y avait (tout comme aujourd’hui d’ailleurs) les petits animaux (mouton, bouc) et les grands (chameau, taureau). Et en faisant de la charité aux pauvres (actes d’ibaadat en Islam), on pouvait donc nourrir beaucoup plus de pauvres avec un grand animal qu’un petit. Les règles islamiques ont été basées sur un ratio calculé à 1 part pour un petit animal et 7 parts pour un gros puisque tout le monde n’avait pas les mêmes moyens de s’offrir un grand animal par rapport à un petit, tout en sachant que tous les “maalik-é-niçaabs” doivent offrir le qurbaani, qui leur est waajib (obligatoire) annuellement.
Or, vous avez raison lorsque vous parlez des variations de tailles et de poids, mais sachez que par ailleurs, sur d’autres sujets tels que le Mehr (dot de mariage) ou encore la Zakaat (aumône annuelle obligatoire), les règles islamiques se basent sur le poids (farine de blé pour le mehr ou l’or/argent pour la zakaat) etc. mais pas pour de la viande de qurbaani où là, le deen ne le base pas sur le poids mais sur la part, annulant ainsi toutes inégalités éventuelles qui aurait pu se poser dans le cadre du poids de la viande ou la taille de la bête.
En somme, les parts ne doivent pas forcément être égaux en taille et en poids, mais les thawaabs (unités de récompenses) du qurbaani s’obtiennent sur l’acquittement de tant et tant de part(s) imposable(s) sur celui ou celle qui accomplit effectivement cet ibaadat.
J’en profite de l’occasion de cette réponse pour quand même faire ressortir que l’esprit du sacrifice dans le chemin d’Allah veut que l’on se sacrifie pour les choses qu’on aime le plus, tout comme Allah ta’ala avait testé son ami-Prophète Hazrat Ibrahîm (a.s) lui demandant de sacrifier ce qu’il chérissait le plus, c’est-à-dire son fils Hazrat Isma’îl (a.s). En revanche, dans le cadre de notre qurbaani à nous, puisque c’est un animal, on
ne peut donc pas “miser” sur ce qu’on aime le plus mais n’empêche que certains choisissent (lorsque cela leur est possible) le plus gros animal ou le plus portant en viande voire même le plus cher, tout en sachant que les parts (et les thawaabs) seraient les mêmes, mais ils veulent offrir le meilleur en sacrifice dans la voie d’Allah et ainsi pouvoir nourrir plus de pauvres avec plus de viande.
Citons même le récit d’un des plus grands sahaabas (compagnons) du saint Prophète en l’occurrence de Hazrat Abu Zaar Ghaffaari (r.a.) qui demanda une fois à son serviteur de choisir un animal de son troupeau pour abattre en swadqa aux pauvres. Son serviteur choisit un animal normal (disons sans plus) du troupeau alors qu’il y avait un plus costaud mais il pensait qu’il serait encore utile au sein du troupeau.
Après le swadqa, Hazrat Abu Zaar Ghaffaari (r.a.) a fait une colère à son serviteur lui disant : “Pourquoi n’as-tu pas abattu le plus costaud de mon troupeau alors que tu sais qu’Allah nous ordonne d’offrir le meilleur de ce nous avons dans sa voie !?”. Le serviteur lui répondit : “Je voulais bien faire ce choix mais j’ai hésité en pensant que mon maître Abu-Zaar voudrait conserver le plus costaud pour ses besoins…”. En entendant ces mots, Hazrat Abu Zaar Ghaffaari (r.a.) demanda à son serviteur de s’approcher de lui et en mettant une main sur son épaule, lui dit : “Le jour où on descendra Abu-Zaar dans son qabar (sa tombe), saches que ce jour là, Abu-Zaar aura des besoins ! Tout ce l’on est emmené à posséder dans ce dunya (ce monde) n’est pas à nous et le fait de les offrir dans le chemin d’Allah pendant cette courte période de possession temporaire, on les récoltera dans l’au-delà (aakhirat) et l’au-delà commence dans la tombe même”.
Les gens de cette époque avaient peu ou pas de moyens mais ils étaient prêts à TOUT sacrifier dans le chemin d’Allah. Le serviteur comprit alors la leçon de sacrifice de son maître Abu-Zaar et ce réwaayat (récit) tiré directement des “hakaayaat-us-swahaabas” (actes des compagnons r.a. du saint Prophète )est une leçon pour nous tous qui font de nos jours de tels ibaadats et avec d’autres moyens…