Ramadwân

Le mois béni de Ramadwaan

Le mois béni du Ramadwaan, 9ème mois du calendrier islamique est considéré comme le chef (supérieur) de tous les mois du calendrier. Car c’est durant ce mois plein de bénédictions qu’Allah ta’ala (le très haut) a révélé le saint Coran (al-Qur’aan), son dernier message, considéré comme le chef de tout les livres sacrés, à son dernier et chef (supérieur) de tous les prophètes, Hazrat Muhammad Mustwafâ [s.a.w.] par le biais du chef (supérieur) de tous les anges, Hazrat Jibraïl [a.s.] (l’archange Gabriel).

C’est en autres pour respecter tous ces faits de valeurs qu’Allah ta’ala nous impose le jeûne durant ce mois sacré, constituant un des 5 piliers de l’Islam. Bien entendu, le jeûne est obligatoire sur tous ceux qui en ont physiquement le moyen, c’est-à-dire ayant un état de santé qui le leur permet.

« Vous avez un mois qui approche, un mois qui est d’une valeur imcomparable, un mois de bénédiction, un mois qui contient une nuit meilleure que mille mois » : Ces propos sont les extraits d’un discours qu’a tenu le Saint prophète [s.a.w.]  vers la fin du mois de Sha’baan. Ce hadîth est rapporté par Hazrat Salmaan Faarsî [r.a.]. Dans un autre hadîth, Hazrat Obaadah bin Saamit [r.a.] rapporte que le Saint Prophète [s.a.w.]  dit un jour alors que le Ramadwaan était tout proche : « Le Ramadwaan, le mois de bénédictions est venu à vous, pendant ce mois Allah se tourne vers vous, vous couvre de sa grâce spéciale, pardonne les péchés, accepte les supplications (du’as), admire votre concurrence pour le plus grand bien et se vante de vous auprès des anges. Donc faites montre envers Allah de votre part de vertus ».

On voit que le saint Prophète [s.a.w.]  a pris le soin de faire ces discours dans le but de mettre en garde contre l’inactivité pendant ce mois. Il est bon de rappeler qu’il s’adressait aux Swahâbas (r.a) alors qu’eux, étaient de fervents pratiquants. Par cela il faut comprendre que cet enseignement est véhiculé au peuple (ummah) en entier jusqu’au jour dernier (qiyâmat), pour qu’il s’adonne davantage à l’adoration d’Allah (‘ibâdats) durant le Ramadwaan car c’est un mois vraiment très spécial. Le Ramadwaan est un mois d’une telle importance qu’au commencement de l’année même le Paradis fait l’objet de nombreux ornements et décorations.

Hazrat Ibné ‘Abbaas  rapporte qu’il a entendu le saint Prophète [s.a.w.]  dire : « Du début à la fin de l’année, le Paradis est garni et parfumé en l’honneur du Ramadwaan. Puis, à la première nuit du Ramadwaan Mubaarak (béni), un vent qui s’appelle Massirah souffle du dessous du Trône d’Allah et les battants des portes, les feuilles des arbres du paradis s’entrebattent, s’agitent, frissonnent et produisent un bruit mélodieux qui n’a jamais été entendu auparavant. Et les houris (hourr), aux grands yeux noirs, sortent de leurs demeures et s’avancent aux balcons du Paradis en demandent : « Y a-t-il quelqu’un qui demande à Allah une d’entre nous comme épouse ? » Puis elles demandent à Ridwaan, portier du Paradis : « Quelle est cette nuit ? ». Ce dernier répond : Labbaÿk ! C’est la première nuit du Ramadwaan, où les portes du paradis sont ouvertes pour les jeûneurs de l’ummah de Hazrat Muhammad Mustwafâ  ».

Plus loin, le saint Prophète [s.a.w.]  ajoute : « Dans chaque nuit du Ramadwaan, Allah recommande à un ange de lancer cette appel : Y a-t-il quelqu’un qui se repent, pour que j’accepte son repentir ? Y a-t-il quelqu’un qui demande pardon pou que je lui pardonne ? Y a t-il quelqu’un qui veut prêter de l’argent à un riche, un riche qui lui rembourseras tout ? »

Tout ceci nous mène à comprendre que le Ramadwaan est un mois d’une très grande bénédiction. Les ‘ibâdats y sont de rigueur et bénéfiques durant tout le mois. Pour les habitués des ‘ibâdats-spéciaux des début-des-mois, celui du Ramadwân-sharîf y est préconisé dès sa première nuit de la visibilité de la lune, après le Namâz-é-Maghrib, en 2 raka’ats nafil. Dans chaque raka’at, après le soûrah al-Fâtihah, lisez n’importe quel soûrah ou fragement du Qurân que vous cconnaissez. Après le salâm, faites les du’as avec ferveur qu’Allah nous accorde du ‘tawfîq’ (la bonne-occasion) de faire un maximum d’ibâdats durant ce mois béni et de pouvoir bénéficier toutes les bénédictions et grâces qu’Allah nous a réservé en ce mois.

Voyons les différents aspects de ce grand mois béni :

Mois de jeûne (roza)

Le Ramadwaan est avant tout le mois du jeûne. Le principe du jeûne est de s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles avec sa femme durant le jour pendant tout le mois du Ramadwaan. Allah ta’ala nous dit dans le Qur’aan sharîf :

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« C’est durant le mois du Ramadan qu’a été descendu le Coran, guide pour l’humanité comme une descente du seigneur, un discernement. Quiconque d’entre vous verra ce mois, y jeûnera (le mois en entier) » [sourah 2, verset 185 partiel].

À l’exception des enfants, des malades et des voyageurs, il est obligatoire à tout musulman et toute musulmane d’observer les jeûnes du Ramadwaan. Il est dit dans un hadîth : « Celui qui néglige un seul jeûne du Ramadwaan volontairement et sans aucune cause majeure et sans être malade, ne pourra jamais le remplacer même s’il jeûne toute sa vie ».

On peut jeûner pendant toute sa vie dans le but de remplacer un seul jeûne manqué volontairement pendant le Ramadwaan, mais on ne pourra jamais avoir la bénédiction que renferme un jeûne observé pendant ce mois sacré. Le saint Prophète [s.a.w.]  a voulu démontrer qu’un jeûne observé pendant le Ramadwaan est irremplaçable par rapport à la bénédiction qu’il contient pendant ce mois. Dans un autre hadîth, il est dit : « Celui qui observe le jeûne du Ramadwaan avec foi et espoir de récompense obtiendra le pardon de ses péchés précédents ».

Allah ta’ala aime tant celui qui observe le jeûne que l’odeur s’exhalant de la bouche du jeûneur est plus agréable et a plus de valeur à ses yeux que le doux parfum du musc. D’autre part, le jeûneur recevra sa récompense d’une façon tout à fait spéciale. En effet dans un hadîth-é-qudsi, Allah ta’ala dit : « Le jeûne M’appartient et c’est MOI personnellement qui donnerai sa récompense ». Y a t-il plus grand honneur pour un mu’minn (croyant) que de recevoir sa récompense de son créateur personnellement ?

Allah Sub’haanahû-wa-ta’ala ne rejette jamais le du’a d’un jeûneur. Le saint Prophète [s.a.w.]  dit en ce sens : « Le du’a de trois catégories de personnes n’est point rejeté ; celui d’un roi juste, celui d’un jeûneur jusqu’à ce qu’il rompt le jeûne (‘iftwaar) et celui de l’opprimé »

Il est surtout recommandé de faire beaucoup de du’as quand l’heure de l’Iftwaar s’approche, car les moments qui précèdent l’heure de l’Iftaar sont propices à l’acceptation des du’as par Allah ta’ala. Mais malheureusement on ne profite pas au maximum de cette heure propice, car on est, à ce moment là, trop occupé à préparer des mets et il arrive même qu’on oublie le du’a de l’Iftwaar.

Il est aussi malheureux de constater qu’on se livre à une consommation sans retenue pendant ce mois et ceci souvent aux dépens du reste de la communauté qui se trouve lésé quant à la satisfaction de ses besoins les plus immédiats. Un tel comportement est contraire à l’esprit du jeûne et aux enseignements de l’Islam qui ne cessent d’exhorter les croyants à freiner leur égoïsme.

Le saint Prophète [s.a.w.]  humble et modeste, refusait le luxe de manger plusieurs sortes de dattes, du pain et de la viande dans le même repas. Malheureusement on ne peut dire autant des musulmans de nos jours pour qui le Ramadwaan est devenu le mois où l’on mange davantage et surtout les meilleurs plats. On doit se mettre bien dans la tête que le Ramadwaan n’est pas un mois où l’on s’emplit l’estomac d’aliments riches et savoureux. C’est le mois où on essaie, en s’abstenant de la nourriture et du sexe (durant le jour), d’estomper ses instincts bestiaux et de retrouver un certain équilibre de vie. Et ce jeûne doit nous donner une idée sur la faim qu’endurent les pauvres durant toute l’année.

Mois de mutualité (entraide)

Le Ramadwaan rappelle aux jeûneurs le calvaire de ceux qui n’ont rien à manger et ainsi ils sont plus portés à faire preuve de bonté et de générosité à l’égard des pauvres. Ils se sentent en conséquence, solidaires et proches les uns des autres. Le saint Prophète [s.a.w.]  a dit : « C’est un mois de mutualité. La nourriture du mu’minn (croyant) s’augmente pendant ce mois. Celui qui donnera le ‘Iftwaar à un jeûneur aura le pardon de ses péchés, la préservation du feu de l’enfer et en plus il aura autant de thawaabs (récompenses) que le jeûneur lui-même grâce à cette acte ».

C’est la raison pour laquelle il est conseillé, à ceux qui ont les moyens, de donner aux pauvres une partie de ce qu’ils ont préparé pour le ’Iftwaar et le Sehri. Le saint Prophète [s.a.w.] a dit que ceux qui donnent à un jeûneur l’Iftwaar d’une chose halaal (licite) auront dans les nuits du  Ramadwaan la bénédiction des anges et, dans la nuit d’Al-Qadr, la visite de Hazrat Jibraïl (a.s). Comme signe de cette visite ils verront leurs cœurs s’attendrirent et leurs yeux verser des larmes. Il est également dit, dans un autre hadîth, que celui qui donnera à un jeûneur un peu d’eau à boire, Allah lui fera boire de son hawz (puits sacré) et ensuite il n’aura plus soif et ce jusqu’à ce qu’il entre au Paradis !

Mois de swabar (patience)

Le Ramadwaan est aussi un mois de swabar. Il enseigne aux jeûneurs la patience et la persévérence face aux difficultés, malheurs ou contrariétés. S’il leur arrive quelques difficultés, causés principalement par le jeûne ou par autre chose, on doit les accepter et les supporter sans contestation, presqu’avec contentement et satisfaction. Il ne faut pas se laisser emporter par l’impatience et la colère, et se lamenter comme beaucoup le font particulièrement en période de chaleur surtout s’ils n’ont rien pris pour le Sehri.

En outre, pour le Taraawîh si on est un peu fatigué, il ne faut pas réagir comme si c’était un fardeau. À celui qui cherche querelle, il suffit de lui dire qu’on observe le jeûne. S’il insiste et s’obstine à nous importuner, il ne faut à aucun moment se laisser prendre au piège de satan et s’emporter. On doit dans ce cas dire à soi-même : « Je suis en carême et je m’abstiens de me laisser emporter par la colère ». C’est aussi la patience et la constance face à ses projets licites.

Mois du Qur’aan sharîf (saint Coran)

C’est en ce mois béni de Ramadwaan qu’Allah sub’haanahû-wa-ta’ala a fait descendre le Qur’aan-sharîf du Lawh-é-mahfoûz (table gardée) au Baÿt-ul-‘izzah (demeure d’honneur). Et c’est encore dans ce mois qu’il a choisi d’envoyer Hazrat Jibraïl, l’archange Gabriel (a.s) pour révéler son message pour la première fois, au saint Prophète  pour sortir le monde du chaos et apporter le salut à l’humanité, pour sortir l’humanité des ténèbres de l’ignorance, pour la guider vers un monde meilleur, vers la lumière de la foi et de la paix de l’âme. Allah ta’ala dit dans le Qur’aan-sharîf :

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« C’est durant le Ramadwaan que le Qur’aan a été révélé comme une guidée pour l’humanité » [sourah 2, verset 185 partiel]

La descente du Qur’aan-sharîf pendant ce mois est suffisant pour démontrer la valeur et la grandeur du Ramadwaan. En fait, le Ramadwaan a toujours été le mois des descentes des messages, les autres livres sacrés ont aussi été révélés en ce mois sacré. Il est dit que Hazrat Ibraahîm (a.s) (le prophète Abraham) a reçu son suhuf  (petit livre ou feuillets) le 1er ou le 3 de ce mois béni, Hazrat Dâwoud (a.s) (le Prophète David) a reçu le Zaboûrr (les Psaumes) le 12 ou le 17 de ce mois béni, Hazrat Mousâ (a.s) (le Prophète Moïse) a reçu le Towrâh (la Thorah) le 6 de ce mois béni et que Hazrat ‘Îçaa (a.s) (le Prophète Jésus) a reçu l’Injîl (l’évangile) le 12 ou le 13 du Ramadwaan.

Le Ramadwaan est donc le mois de la révélation, le mois du saint Coran (al-Qur’aan). Il est par conséquent, très conseillé et recommandé de faire la lecture du Qur’aan-sharîf en abondance pendant ce mois. Il est dit, dans un hadîth, que Hazrat Jibraïl (a.s) avait l’habitude de réciter le Qur’aan-sharîf intégralement au saint Prophète [s.a.w.]  pendant le Ramadwaan.

Les Swahaabas (r.a) (compagnons du saint Prophète [s.a.w.] ) et les autres hommes pieux (swâlihîn) observaient rigoureusement cette pratique. Hazrat Qatâda [r.a.] faisait, pendant le Ramadwaan, une lecture du saint Coran en entier (khatm-ul-Qur’aan) en trois nuits. Et pendant les dix derniers jours de ce mois, il faisait un khatm-ul-Qur’aan chaque nuit. Imaam Shaafi’î (r.a) faisait lui, soixante khatm-ul-Qur’aan dans ses swalaats du jour et de la nuit pendant le Ramadwaan. Tout ceci paraît extrêmement difficile, voir impossible pour nous de nos jours, mais rappelons que la foi rend possibles beaucoup de choses qu’on croit impossibles.

Le Ramadwaan est en fait, la fête de tilaawat (lecture) du Qur’aan sharîf. À la maison comme à la mosquée (masjid), on voit chacun vouloir lire plus que ses frères et sœurs ou ses camarades pour plaire davantage à Allah. C’est une véritable ambiance de piété et de compétition qui règne. C’est de cette concurrence justement que mention est faite dans le hadîth mentionné rapporté par Hazrat Obâdah bin Saamit [r.a.]. Et c’est cette sorte de concurrence qu’Allah ta’ala aime et se vante auprès des anges et non de la concurrence souvent malsaine, à laquelle on voit beaucoup de gens se livrer pour des gains mondains et éphémères.

Mois de développement spirituel et d’entraînement (‘amal)

Le Ramadwaan joue un rôle très important pour orienter l’homme vers la droiture, il doit en conséquence, se consacrer entièrement à se préparer mentalement et spirituellement. D’abord on doit jeûner en observant scrupuleusement tous les principes du jeûne afin d’en tirer le maximum de bénéfices et “d’enregistrer” quelques progrès sur le plan spirituel.

On doit se rappeler que la poursuite exclusive des appétits du corps empêche l’épanouissement de l’esprit. Lorsque l’on s’abstient des aliments et du sexe pour le plaisir d’Allah, le côté spirituel se développe. Il prend le dessus sur les désirs du corps, met fin à tout excès et fait naître chez soi une certaine modération. Il devient possible à ce moment là, de subordonner ses désirs physiques à la force de l’esprit.

Hazrat Luqmân (a.s) avait dit à son fils : « Fils, si le ventre est trop plein, la pensée s’endort, la sagesse se tait, les membres s’alourdissent et se détournent de la prière ». Donc, un estomac plein (de nourriture) ne peut pas goûter à la saveur de l’ibaadat (prière).

Le jeûne entraîne celui qui l’observe, à penser que si on peut résister aux désirs de manger, de boire et de la chair (des choses permises en dehors de la période de jeûne) pendant le Ramadwaan uniquement pour plaire à Allah, alors combien est-il nécessaire de résister aux choses qui sont défendues tout le temps, tel le mensonge, la médisance, la calomnie, les jeux de hasard, l’intérêt, le pot-de-vin, la tricherie, la malhonnêteté, l’avarice, l’égoïsme, l’hypocrisie, l’arrogance, la fierté, la jalousie, l’ostentation, l’adultère, la drogue et les autres vices qui rongent l’individu et la communauté.

Le jeûne vise à fortifier l’âme, à la guider vers les hautes vertus, à appliquer strictement les ordres d’Allah et à inculquer la crainte du Majestueux Allah ta’ala, qui dit dans le Qur’aan-sharîf :

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« Oh les croyants, le jeûne vous a été prescrit comme il a été prescrit aux peuples qui vous ont précédés, afin que vous deveniez pieux » [sourah 2, verset 183]

Le but fondamental des privations (de la nourriture et du sexe pendant le jour) que l’on doit s’imposer pendant le jeûne est, comme le dit si bien le verset ci-dessus, de purifier l’âme et l’esprit afin qu’on devienne maître et non esclave de ses passions. C’est ainsi que le jeûne favorise le taqwâ (la crainte / frayeur) d’Allah ta’ala. La crainte d’Allah rapproche et guide vers l’obéissance, les prières, les bonnes actions et éloigne des péchés, du mal et des mauvaises actions.

Le Ramadwaan est l’occasion qu’Allah le tout puissant, donne à l’homme pour combattre son penchant animal et dominer ses passions en évitant tout ce qu’Allah a défendu. On doit profiter de ce mois sacré et béni pour se plonger dans l’atmosphère de ferveur et de piété qui règne et qui incite aux bonnes actions, à multiplier les bonnes œuvres, à accomplir avec sincérité et en congrégation les swalaats (namaz) quotidiennes aux heures fixées, à faire le tilaawat du Qur’aan-sharîf à profusion, à faire la charité, à faire beaucoup de du’as et de nawaafil (actes et prières surérogatoires).

Il est dit dans un hadîth qu’un acte surérogatoire (nafil) pendant ce mois équivaut à un farz (acte obligatoire) des autres jours et un farz de ce mois équivaut à 70 (soixante-dix) faraaïz des autres jours. Ceci contribue à la motivation des musulmans. On doit donc chercher pendant ce mois mubaarak (béni), par le biais du jeûne, de la charité, de la prière et d’autres bonnes actions, à atteindre un développement spirituel très élevé.

Il faut se rappeler que la prière et les autres bonnes actions ne sont pratiquées qu’au prix d’efforts et de sacrifices, car elles sont en conflit avec les désirs du nafss (âme passionnel). Il y aura toujours une certaine opposition de la part des nafss contre les bonnes actions. Tout le long de sa vie donc ont doit mener un combat contre eux (ces nafss). Ce combat consiste à imposer des pratiques sur ses nafss afin de les y habituer par exemple, les habituer à faire le swalaat en accomplissant beaucoup de nawaafil. C’est ce qu’on appelle “mujaahada-é-jismaani” (combat du corps) qui consiste principalement à : 1. manger moins, 2. parler moins, 3. dormir moins, 4. s’associer moins avec les gens. Ceci ne veut pas dire qu’il faut réduire sa consommation de nourriture à tel point qu’on devient faible. Il faut tout simplement éviter tout excès et faire preuve de modération dans les quatre choses mentionnées plus haut.

Le mujaahadah (combat) contre l’impulsion de ses nafss (passions) vers le mal devient facile quand on arrive à contrôler les désirs licites de ses nafss. Le Ramadwaan donc est une occasion exceptionnelle en ce sens car en jeûnant, on réduit d’une façon ou d’une autre, sa consommation de nourriture  à condition bien sûr, qu’on fasse preuve de retenue à l’heure de l’Iftaar et du Sehri.

De plus on s’abstient de parler beaucoup, de peur qu’on ne tombe dans la médisance, la calomnie ou le mensonge. On ne va se coucher qu’après le swalaat du Taraawîh et on se réveille tôt le matin pour faire le Tahajjud, le Sehri et le Fajar. Enfin, si on ajoute la lecture du Qur’aan-sharîf, l’accomplissement des swalaats nawaafil, les tasbihaat (chapelets) et du’as, le programme devient tellement chargé que l’on reste très peu de temps pour s’associer avec des gens. Tout ceci contribue dans une large mesure à l’entraînement et au développement spirituel du jeûneur (rozédârr).

Pendant le Ramadwaan, la communauté réagit en masse. C’est en fait un événement collectif où les musulmans se mobilisent pour accomplir le bien. La motivation de bien faire est tellement grande qu’il devient facile de jeûner. On a pu remarquer d’ailleurs, qu’il est relativement plus difficile d’observer un jeûne, bien que sa durée pourrait être plus courte, en dehors du Ramadwaan. Si la communauté continue d’agir collectivement après le Ramadwaan, il deviendrait alors beaucoup moins difficile, pour ne pas dire plus facile, d’accomplir de bonne actions, surtout de se rendre régulièrement à la mosquée pendant les onze mois suivants. Ce mouvement collectif pourrait contribuer grandement à retirer la communauté de sa torpeur spirituelle. Ceci n’est possible que si l’on profite de ce mois béni au maximum et le fait devenir un véritable mois d’entraînement pour garder cet élan sur toute l’année.

À l’époque du saint Prophète [s.a.w.] , les swahaabas (r.a) se rendaient à la mosquée en si grand nombre que les munâfiqîn (hypocrites) ne pouvaient que suivre leur exemple. De nos jours, ceux qui se disent bons musulmans sont devenus sourds à l’appel de la prière (azaan). Quelle différence ! N’est-il pas grand temps de se ressaisir ? Pourquoi ne pas saisir l’occasion qu’offre le Ramadwaan pour le faire ?

Mois du pardon (maghfirat)

Dans un hadîth, cité plus haut, il est dit que dans chaque nuit de Ramadwaan, un ange sur la demande d’Allah ta’ala, lance un appel où il dit entre autres : « Y a-t-il quelqu’un qui demande pardon pour que je (Allah) lui pardonne ? ».

Dans un autre hadîth, le saint Prophète [s.a.w.]  dit que le mois de Ramadwaan est divisé en trois parties (3 tiers) dont la première est la bénédiction d’Allah, la deuxième est le pardon d’Allah et la troisième est la libération du feu de l’enfer. En d’autres mots, il pardonne les gens pieux et déverse sur eux ses bénédictions dès le début du Ramadwaan. Les pécheurs moyens eux sont pardonnés après avoir accompli quelques jeûnes qui leur apportent des barkats (bénédictions). Même les pécheurs endurcis ne sont pas exemptés du pardon d’Allah durant ce mois, ils ont même tout à gagner. Ils sont eux aussi libérés de leurs péchés après avoir accompli suffisamment de jeûnes avec sincérité.

Pendant cette dernière partie, Allah ta’ala se montre d’avantage clément et pardonne plus de personnes. D’ailleurs la fameuse nuit du “Qadr” (nuit de la puissance ou nuit du destin) se trouve plus probablement dans ce dernier tiers du mois béni. Qu’Allah ta’ala nous donne tous le privilège de bénéficier pleinement de tous les bienfaits de ce mois sacré. Ayons cependant une pensée spéciale lors de nos du’as, pour les gens nécessiteux, les plus démunis d’entre nous, ceux qui souffrent de maladies ou de misères, qu’Allah le Clément, le Miséricordieux par excellence nous verse tous, ses bénédictions.

Les trois tiers du mois

Il est aussi connu que ce grand mois béni (30 jours) comporte selon ses trois tiers des spécificités comme suit : le 1er-tiers (1 à 10 jours) est spécialement lié à la Miséricorde d’Allah (Rahma) ; le 2ème-tiers (11 à 20 jours) au Pardon d’Allah (Maghfirat) ; le 3ème-tiers (21 à 30 jours) à la Délivrance d’Allah, du feu de l’enfer (Qinâ-‘azâban-nârr).

Question :

La mission du Satan est de mettre les gens dans le mauvais chemin. Puisque Satan est enchaîné durant le Ramadan, alors Pourquoi les gens continuent-ils à commettre les péchés ?

Réponse :

Il y a deux catégories de démons, comme cela est mentionné dans le Coran, Sourate 114, verset 6.

1 – les démons qui se trouvent parmi les djinns (génies)

2 – les démons qui se trouvent parmi les insaans (humains)

Un très grand saint et savant, l’Imaam Al-Ghazzaali (r.a) a précisé que la première catégorie est enchaînée mais la deuxième catégorie reste libre et influence les humains.

Un saint (buzrug) trouva une fois, un démon se reposant à l’aise sans soucis et lui demande : « Toi le démon, ton travail n’est-il pas de semer la discorde parmi les hommes (insaans) les faisant emprunter le mauvais chemin et de les faire oublier l’ibaadat de leur Seigneur ? ».

Alors le démon répond : « Vous avez dit la vérité et ce travail que je devrais faire, les hommes mêmes sont en train de le faire à ma place ! Donc je me repose sans soucis car l’homme a pris ma place (fais mon boulot à ma place) ».

Ô frères et sœurs musulmans, nous devons en profiter de ce mois béni qu’est le Ramadwaan qu’on a obtenu. Chaque seconde (instant) qui y passe durant le jour ou la nuit, nous nous devons de comprendre sa valeur et d’en profiter. Nous devons nous efforcer tant que possible à demeurer loin avec la colère d’Allah et de faire notre devoir de nous éloigner des péchés et d’empêcher aussi les autres de commettre ces péchés.

Hazrat Abu Sa’îd Khudri [r.a.] a entendu dire du saint Prophète [s.a.w.] : « Celui qui trouve quelqu’un en train de commettre une mauvaise action, doit l’en empêcher avec ses mains. S’il n’y arrive pas, alors qu’il essaie de l’empêcher avec sa bouche (les paroles). Et s’il n’y parvient pas, alors il doit le combattre dans son cœur et ça c’est le minimum que la foi (imaan) exige ». [Muslim]

Les musulmans doivent agir de la façon suivante, comme Allah le dit dans le saint-Coran :

S9V71&72

« Les croyants et les croyantes, sont des amis les uns aux autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la swalât, acquittent la zakât et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est puissant et sage. Aux croyants et aux croyantes, Allah a promis des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour qu’ils y demeurent éternellement, et des demeures excellentes, aux jardins d’Eden (du séjour permanent). Et la satisfaction d’Allah est plus grande encore, et c’est là l’énorme succès. ». [sourah 9 – versets 71 & 72].

Nous implorons Allah ta’ala de nous donner le tawfiq (bonne occasion) de figurer parmi ses bons serviteurs et nous permettre de profiter le maximum des bienfaits infinis qu’il nous a réservé durant ce grand mois.

Selon certains savants, les cinq (5) lettres du mot « Ramadwaan » ont une signification chacune :

1- le « Ré » pour « Rahmat-é-Ilaahi » – Grâce d’Allah.

2- le « Mîm » pour « Maghfirat-é-Ilaahi » – Pardon d’Allah.

3- le « Dwâd » pour « Dwamaan-é-Ilaahi » – Garantie d’Allah.

4- le « Alif » pour « Aman-é-Ilaahi » – Sauvegarde d’Allah.

5- le « Noûn » pour « Ni’mat-é-Ilaahi » – Faveurs d’Allah.

Alors, à nous d’en profiter, de tous ces dons d’Allah le miséricordieux, durant ce mois béni du Ramadwaan.

Pour terminer ce dossier spécial, citons ce fameux hadîth du saint Prophète [s.a.w.], rapporté par Hazrat Ibné-Khuzaïmah [r.a.] : «Si les hommes (humains) savaient ce qu’est vraiment le Ramadwaan, toute ma communauté (peuple – ummah) aurait souhaité que l’année entière serait Ramadwaan !»

Qu’Allah ta’ala nous fasse tous profiter de ce grand mois béni ! Âmîn.