Un bref aperçu de la vie bénie de
Hazrat Imaam Jaa’far Swâdiq [r.a.]
Note de Chezdeen.com : Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] est aussi considéré par ailleurs par la pensée chiite [shi’a]. Mais l’amour des chiites et l’amour des sunnites pour l’Imâm ne sont pas de même nature. Notre article qui suit, sur la personnalité Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.], est conçu suivant la pensée sunnite, qui est la nôtre.
Hazrat Abu ‘Abdullah Imaam Jaa’far bin Muhammad as-Swâdiq [r.a.] est considéré comme le 6ème imâm des ‘ahl-é-Baÿt’ (la famille du saint Prophète [s.a.w.]). Arrière petit-fils de ce dernier, il est donc fils de Hazrat Imâm Bâqar [r.a.], fils de Imâm Zaÿnul-‘Aabedîn [r.a.], fils de Hazrat Imâm-é-Husayn [r.a.], fils de Hazrat ‘Ali [r.a.], époux de Hazrat Bibi Fâtwimah [r.a.], fille du saint Prophète [s.a.w.]. Sa lignée spirituelle et d’études descend ainsi directement de Nabi-é-Karîm [s.a.w.].
À noter que sa maman, Ummé-Farwah [r.a.], est une arrière petite-fille du 1er Calife, Hazrat Abu Bakr Siddîq [r.a.]. Son père, Hazrat Imâm Bâqar [r.a.], 5ème imâm, grand érudit fut la source de sa formation théologique et spirituelle.
Un des plus grands ‘aalim de son temps, il est né à Madînah-sharîf le 17 Rabbi-‘ul-Awwal 83 Hijri (24 avril 702). Dans son tendre enfance, il apprit avec son grand-père [dada] le grand Imâm Hazrat Zaÿnul-‘Aabédîn [r.a.].
Le plus pieux parmi ses frères, en 743, à l’âge de 34 ans, il succéda à son père comme Imâm et pendant 33 ans, il fut un érudit hors pair, une autorité en matière de droit et de hadîth (jurisprudence), entre autres grand Professeur (ustaaz) d’autres illustres érudits tels Hazrat Imâm Abu Hanîfah [r.a] fondateur du mazhab (école-de-pensée) Hanafi et Hazrat Imâm Malik [r.a.] fondateur du mazhab Mâliki et aussi Hazrat Hassan Basri [r.a.].
La jurisprudence islamique qu’il codifia, est une véritable référence, il statua des sujets sensibles, tels la partage de l’héritage, les taxes religieuses, les règles du commerce et les statuts personnels.
Savant à plusieurs titres, véritable polymathe, en plus d’être un illustre ‘aalim (Imâm-théologien-érudit islamique), il fut aussi un alchimiste, astronome, scientiste naturelle, anatomiste, physicien, mathématicien, chimiste, philosophe, écrivain. Il fut aussi l’enseignant du célèbre chimiste Jabir ibné-Hayyaan, connu en Europe au nom de Geber.
Des étudiants à travers le monde venaient à Madînah-sharîf pour recevoir de la connaissance, ne serait-ce qu’infime, auprès de Hazrat Imâm Jaa’far [r.a.]. Une anecdote raconte qu’un jour, une personne lui demanda de lui montrer Dieu. Notre Imâm lui dit donc de regarder le soleil. La personne répondit qu’il lui est impossible de regarder un astre aussi brillant. L’Imâm lui dit alors : « Si tu ne peux pas voir la création, comment veux-tu voir le Créateur !? ».
Parmi ces 3 titres, avec ‘al-Fâdwil’ et ‘at-Twâhirr’, on trouve celui de ‘as-Swâdiq’, qui veut dire ‘Véridique’ car tout son enseignement était basé sur la Vérité. Et il tenait comme principe fondamental de ses enseignements à ce que ses élèves ne disent que la vérité sans jamais mentir.
Imaam Jaa’far [r.a.] était un grand exemple de modestie et de piété. Lorsqu’il n’enseignait pas, il passait son temps en ‘ibâdats et méditations. Hazrat Mâlik bin Anas [r.a.] dit de Imâm Jaa’far [r.a.] qu’il était le plus grand ascète de son époque. Sa vie et son comportement étaient exemplaires à tous les égards. Sa sagesse avait un rayonnement infini sur les gens et les voyageurs, les pauvres et les plus démunis. Son ami Hishâm-bin-Salim [r.a.] rapporte que l’Imâm parcourait les rues le soir et partageait de la nourriture aux pauvres, et il le faisait avec attention pour ne pas être reconnu. Il faisait sa charité incognito et ce n’est qu’après sa mort que les pauvres ne le voyant plus, comprirent que c’était l’Imâm.
On voyait souvent l’Imâm voyager sous le soleil ardent sans se couvrir, il dit qu’il veut aller travailler et connaître la souffrance des laboureurs sous le soleil brulant et qu’il veut en souffrir pour gagner sa vie en travaillant. Ce grand ‘aalim travaillait aussi la terre comme simple paysan. Il incitait les gens à travailler dur pour ne pas être dépendant (mohtaaj) des autres.
Une fois, il y avait pénurie de blé à Madînah et les pauvres avaient beaucoup de mal à en acheter au marché de la ville, vu le prix exorbitant. L’Imâm demanda à son serviteur (au nom de Motab) combien il y avait de blé dans la maison, ce dernier répondit que la réserve pouvait durer 3 mois. L’Imâm lui demanda d’aller au marché et de le vendre aux pauvres à un prix normal pour ensuite en racheter d’autres. Motab lui répondit que c’était insensé car il allait devoir en racheter plus cher. À quoi l’Imâm répondit que le pain dans sa maison doit avoir le même goût que le pain des pauvres.
Élève de l’Imâm Jaa’far [r.a.], Hazrat Imâm Abu Hanîfah [r.a] à qui on avait demandé son âge, répondit 2 ans ! Lorsqu’on lui demanda la raison à cette réponse absurde, il répondit qu’il en avait en réalité 62 ans, mais puisqu’il ne connaissait l’Imâm Jaa’far et qu’il n’était son élève que depuis 2 années seulement, 60 ans de sa vie paraissait insignifiant par rapport à ces 2 années là où il apprit tant avec l’Imâm, qu’il se considérait n’avoir que 2 ans !
Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] fut le fondateur de l’université de Madînah-sharif et des érudits à travers le globe y joignirent pour apprendre auprès de l’Imâm et ensuite devinrent à leur tour des enseignants. L’Imâm mit chacun à sa place selon sa spécialité pour enseigner les différentes matières. Depuis l’Université de Madînah forma des professeurs qui partent enseigner à travers le monde.
Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] épousa Hazrat Fâtwimah-al-Hasan (une descendante de Hazrat Imâm-é-Hasan [r.a.]) avec qui il eut 2 fils, Ismâïl et ‘Abdullah. Après le décès de son épouse, il acheta une esclave noire d’origine africaine, au nom de Hamîdah Khâtûn, il la libéra, lui enseigna le deen jusqu’à ce qu’elle devienne une éminente érudite, ensuite il l’épousa. Elle lui donna à son tour 2 fils, Mousâ Kâzim [r.a.] [appelé à devenir son successeur] et Muhammad Dibâj [r.a.]. Elle était très réputée pour sa sagesse.
La position ferme de deen de Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.], lui a valu d’être clairement contre les manœuvres politiques et conflits de son époque et à ce titre, il fut régulièrement persécuté et même emprisonné. Il écrivit beaucoup à chaque emprisonnement. Le gouverneur de l’époque, au nom de al-Mansourr, le fit empoisonner et Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] poussa son dernier souffle le 25 Shawwaal 148 Hijri (15 décembre 765) à Madînah-sharîf où il fut dafann au qabarastaan de Jannat-ul-Baqi’, à côté des grands ahl-é-baÿt.
Quelques paroles de sagesse de Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] :
Trois genres de personnes ne recevront que le bien : Les silencieux, ceux qui évitent le mal et ceux qui se rappellent d’Allah (zikr).
Le sommet de la fermeté se situe dans la modestie.
La valeur originelle de l’homme est déterminée par sa raison (‘aql).
La valeur de son appartenance familiale est déterminée par sa religiosité.
La valeur de sa générosité est sa piété.
Les hommes sont égaux de part leur appartenance à Hazrat Aadam [a.s.].
Craignez bien de faire l’injustice, les souffrances des victimes de l’injustice s’élèvent vers le ciel.
Il y a trois choses sans lesquelles le monde ne peut se réformer (changer dans le bien) : la sécurité, la justice et la fertilité.
Précisions sur le fameux ‘fâtihah’ (appelé ‘koundé’)
fait au nom de Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] en date du 22 Rajab.
C’est une coutume basée sur le fait de faire un vœu spirituel en Islam, appelé ‘Nazr’ en arabe (‘mannat’ en urdu). Basiquement, les vœux ne sont pas courants dans la vie de deen, mais lorsqu’un vœu spirituel est fait à Allah et que la personne obtienne l’accomplissement en résultat, il devient ‘waajib’ (obligatoire) que cette personne accomplisse son vœu comme une promesse à Allah.
Hazrat Bibi Faatwimah [r.a.] et son époux Hazrat ‘Ali [r.a.] firent une fois un vœu à Allah, de jeûner 3 jours s’ils obtiennent la guérison de leur deux fils Hazrat Imâm-é-Hasan [r.a.] et Hazrat Imâm-é-Husaÿn [r.a.] qui étaient malades. Guérison constatée, ils ont tous deux jeûnés et Allah a fait révélé un verset du Quraan en ces termes :
“Ils accomplissent leurs voeux et ils redoutent un jour dont le mal s’étendra partout” [sourah 76, verset 7]
La date réelle du ‘Urs de Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] est en fait, au 25 Shawwaal, mais un ‘fâtihah’ spécial est fait en sa mémoire en date du 22 Rajab par les plus spirituels suivant un récit (riwâyah) qui conte qu’une fois Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.] dans une humeur concentrée, marchait dans les rues de Madînah-sharîf (Médine) avec quelques compagnons, soudainement il s’arrêta et leur demanda la date. À cela, ils répondirent que c’était le 22-Rajab. Sur ce, ils leur dit : « Si quelqu’un fait face à une difficulté quelconque en ce monde, en cette date du 22-Rajab prépare du ‘sirrni’ (nourriture-de-collation), le disposant dans un ‘koundé’ (pot-en-terre), et en ma pensée, fait un vœu en vue de soulager ses difficultés. Et si ces difficultés n’ont pas disparues, que cette personne vienne me voir en plainte au jour du ‘qiyâmat’ ». [d’où l’appellation ‘koundé’ à ce fatihah, par certains musulmans à travers le monde]
Cette parole émanant d’un ‘aalim et wali de cette trempe, a retenu l’attention des spirituels sunnis (ahlé-Sunnat-wal-Jama’at) du monde entier, qui effectuent un ‘fâtihah’ spécial le 22-Rajab en mémoire de Hazrat Imâm Jaa’far Swâdiq [r.a.]. Et ceci, qu’ils font face ou pas à des difficultés personnelles [mais qui n’en a pas ?…]. Si on n’a pas l’occasion de l’effectuer en la date précise du 22-Rajab, on peut le faire n’importe quel jour durant le Rajab (mais de préférence avant le Mi’râj), mais en cas de vœu à formuler, il est recommandé de la faire la date indiquée du 22-Rajab.
En fait, ce ‘fâtihah’ est préconisé aux spirituels par la conviction (‘aqîdah) “ahl-é-sunnat-wal-jama’at” pas vraiment sous forme de ‘Nazr’ (vœu spirituel) mais surtout une coutume qui débouche sur un ‘amal (acte d’ibaadat) pour maintenir et augmenter notre amour (muhabbat) pour les ‘Ahl-é-baÿt’ (la famille du saint Prophète [s.a.w.]). Un amour prescrit coraniquement en ces termes :
“Telle est la [bonne nouvelle] qu’Allah annonce à ceux des Ses serviteurs qui croient et accomplissent les bonnes oeuvres! Dis: ‹Je ne vous en demande aucun salaire si ce n’est l’affection eu égard à mes proches de parenté›. Et quiconque accomplit une bonne action, Nous répondons par [une récompense] plus belle encore. Allah est certes Pardonneur et Reconnaissant” [sourah 42, verset 23]
Concernant le sirrni, adopté de façon coutumière pour que ce soit du riz-au-lait (khhirr) et pain-à-l’indienne (puri), cette tradition est restée coutumière à travers des générations, si des certains veulent conserver cette habitude culinaire pour l’occasion c’est tant mieux pour la tradition et si certains font d’autres sirrni, cela va de soi, mais tout ce qui des sirrni n’est qu’accessoire car l’important demeure dans le fatihah d’Iswaalé-thawaab en lui-même basé sur ce fameux muhaabat (amour) pour le grand Imâm Jâ’far Swâdiq [r.a.] à qui nous devons tant.
Il est dit que les musulmans du monde à une époque se ruineront lorsqu’ils s’éloigneront de la sunnah du saint Prophète [s.a.w.] et que le deen disparaîtra lorsque les coutumes islamiques disparaîtront.
Qu’Allah maintienne notre foi (imaan) doublée de l’amour (muhabbat) envers ses bien-aimés (prophètes et amis). Nous tenons à ce que ces coutumes justifiées perdurent aux nouvelles générations. Aamiin !