Question-Réponse n° 273
Pouvez-vous expliquer le mot ‘Nikaah’ quitte à le faire substituer dans nos faire-part de mariage ?
Question d’une sœur des Yvelines (78) : “J’ai une question par rapport au texte qu’on met dans les invitations de mariage notamment à Maurice. Quand on dit : “La cérémonie/bénédiction nuptiale (Nikaah) sera célébrée…”. Je sais que le mot ‘Nikaah’ est un mot arabe qui est utilisé dans le Quraan, mais apparemment le mot a aussi une double connotation en arabe courant (slang), assez vulgaire même, j’ai cru comprendre. Moi, je ne me pose pas de question, c’est plutôt mon entourage qui se la pose ! Je pense qu’on ne peut pas se passer de ce mot sur une invitation typique mauricienne, mais quel élément de réponse/précision apporter à mon entourage ? Je sais qu’à Maurice, les gens ne sont pas forcément au courant de ce double sens…”
Réponse : Attention, si vous avez raison sur la double connotation de ce mot, votre entourage ou ceux qui pensent qu’il y aurait un changement à apporter, ont cependant tort. Analysons maintenant les détails suivants :
Il est vrai que le mot “an-Nikaah” dans de l’arabe dialectal ou argotique signifierait un “rapport sexuel” (ce qui n’est pas vraiment vulgaire) mais attention, dans le cadre du shari’at, il signifie bien le “mariage musulman” (mariage islamique). Et ce mot désignant cela, est bien issu de l’arabe littéraire (fuss’ha).
Ce même mot qu’Allah utilise pour les termes coraniques désignant le mariage sacré selon les rites musulmans, à l’instar du mot “fankihou” pour “épouser” dans le sourah ‘an-Nisaa’ (n°4, ‘les femmes’). Et on le trouve aussi dans les paroles du saint Prophète issus des hadîths comme celui-ci, parmi les plus connus sur le mariage : “An-Nikaahu minn sunnatii, famanr-raghiba ‘ann sunnatii falaÿsa minnii” qui se traduit : “Le mariage fait partie de mes sunnats (principes) et ceux qui tournent le dos (abandonnent) mes principes, ne sont pas des miens.” [Bukhârî]. Ce qui laisse entrevoir dans la théologie islamique que le mariage et le rapport sexuel sont liés. Le ‘janâbat’ (relation sexuel entre époux) donne certes de la valeur au couple et à leur vie marital.
Par ailleurs, à Maurice, compte tenu que les premiers textes d’invitations de mariage musulman, sur conseils des ‘aalims (savants) de l’époque, on a utilisé le terme ‘shari’at’ du mot mariage (an-Nikaah), et on a bien eu raison sur ce coup là. Donc, il n’y a rien à changer à ce niveau là, le mot ‘an-Nikaah’ utilisé doit être conservé, d’autant plus qu’il y a un aspect spirituel, ce mot émane du Qurân-sharîf et Hadîths.
Conclusion : Faire bien attention concernant les maghrébins, ils n’ont pas forcément raison. Un mot arabe peut avoir une signification quelconque dans l’arabe ‘créole’, couramment usité ou dialectal voire argotique et ce même mot peut signifier autre chose selon l’arabe littéraire (fuss’ha) et/ou selon le shari’at (loi islamique). Le mot ‘nikâh’ doit islamiquement perdurer.
Pour info, ceux qui utilisent les dialectes ou autres se servent du mot ‘az-Ziwaaj’ pour désigner le mariage, souhaitant ‘az-Ziwaaj-ul-Mubaarak’, mais pas leurs instruits (‘ulamas) qui restent avec le mot shari’at (an-Nikaah). Par ailleurs, on constate parallèlement que nos mauriciens adeptes à la langue urdu (langue pakistanaise) de nos grands-parents, pour les souhaits de mariage, disent ‘Shaadi Mubaarak’ (Mariage béni).